Loin d’être pavée de pétales de roses, la route vers Twitter pour Elon Musk a été tout sauf pavée de pétales de roses. Mais le milliardaire avait déjà fait son choix. Il voulait Twitter. Et il ferait tout pour l’obtenir. Et le plus important, c’est qu’il allait payer.
Il a fallu 225 jours. Depuis le 4 avril, date à laquelle il est devenu l’actionnaire majoritaire de la plateforme sociale, jusqu’à hier, 28 octobre, date à laquelle la société a confirmé qu’elle avait été rachetée par lui. Finalement, après de nombreuses réunions, des intrigues et une bataille juridique, Elon Musk a réussi.
Mais prenons les choses dans l’ordre.
Le calendrier de 225 jours
Le 4 avril : Elon Musk devient le plus grand actionnaire de Twitter. Le milliardaire révèle qu’il a amassé une participation de 9,2 %, d’une valeur de près de 3 milliards de dollars à l’époque, ce qui a suscité des spéculations sur le marché selon lesquelles il pourrait être proche d’une offre publique d’achat.
Le 5 avril : Twitter annonce qu’il nomme M. Musk à son conseil d’administration. Parag Agrawal, PDG de Twitter, se dit « ravi » par cette décision, ajoutant que M. Musk est à la fois « un croyant passionné et un critique féroce » de la plateforme. Cette « critique féroce » devait être confirmée dans son intégralité au cours des prochains mois.
Le 11 avril : À la première occasion, alors qu’il semblait que l’alliance Elon Musk/Twitter ne serait pas facile, Agrawal révèle que Musk ne rejoindra finalement pas le conseil d’administration, sans en donner la raison. C’est le premier rebondissement majeur de cette histoire.
Le 14 avril : Musk annonce une offre d’achat de Twitter à 54,20 dollars par action, ce qui valorise l’entreprise à plus de 40 milliards de dollars, affirmant vouloir libérer son « potentiel extraordinaire » pour améliorer la liberté d’expression et la démocratie dans le monde.
15 avril : Signe d’une profonde méfiance mutuelle qui ne disparaît jamais complètement, Twitter adopte une défense par « pilule empoisonnée » contre l’offre de Musk, conçue pour empêcher un prétendant indésirable d’amasser une part importante du capital.
Megadeal avec 44 milliards.
Le 25 avril : Après des discussions et une diligence raisonnable minimale (qui s’avérera plus tard un problème important pour Musk), un accord est conclu pour l’entrepreneur lui permettant d’acheter Twitter pour 54,20 dollars par action, soit 44 milliards de dollars au total. Dans une déclaration publiée sur Twitter, Musk a déclaré : « La liberté d’expression est le fondement d’une démocratie qui fonctionne et Twitter est la place publique numérique où sont débattues les questions vitales pour l’avenir de l’humanité. »
5 mai : Musk obtient plus de 7 milliards de dollars de financement étranger pour l’opération. Parmi les contributeurs figurent l’investisseur saoudien Prince Alwaleed bin Talala, le fondateur d’Oracle Larry Ellison et d’autres.
Le 10 mai : Musk affirme qu’il va annuler l’interdiction de Twitter de Donald Trump, qui a été retiré de la plateforme en janvier 2021 après les émeutes du Capitole. « Je pense que c’était une décision moralement mauvaise et stupide à l’extrême », dit Musk en y faisant référence.
Le 13 mai : Musk commence à avoir des doutes sur l’accord et annonce qu’il est « temporairement en attente » pendant qu’il attend des détails étayant l’affirmation de Twitter selon laquelle moins de 5 % de ses utilisateurs étaient des spams ou de faux comptes. Musk affirme qu’il reste déterminé à acquérir l’entreprise.
16 mai : Le patron de Tesla répond à un fil de messages du PDG de Twitter, Parag Agrawal, par un… avec un emoji loin d’être poli.
« L’accord n’aura pas lieu »
17 mai : La position du PDG de Tesla se durcit puisqu’il déclare que l’accord « ne peut pas avancer » tant que ses préoccupations concernant le décompte des comptes indésirables ne sont pas résolues.
Le 6 juin : Les avocats représentant Musk accusent Twitter d’avoir commis une « violation substantielle » de son accord de rachat de la société en ne fournissant pas d’informations adéquates sur le nombre de faux utilisateurs. Des arguments de ce type constitueront la justification de la tentative officielle du milliardaire de se retirer de l’accord le mois prochain.
Le 16 juin : Le propriétaire potentiel de Twitter rencontre directement les employés de l’entreprise pour la première fois depuis qu’il a accepté de la racheter, en se concentrant sur la « liberté d’expression ». Musk prévient également que les coûts de l’entreprise dépassent les revenus, décrivant cela comme « une situation pas si excellente ». Mais il n’a pas répondu directement aux questions sur une éventuelle restructuration.
8 juillet : Musk annonce qu’il met fin à l’accord, affirmant que Twitter « viole matériellement de multiples dispositions » de l’accord de fusion. Twitter déclare qu’il va engager une action en justice pour forcer Musk à racheter l’entreprise.
Heure du tribunal.
Le 12 juillet : Twitter intente une action en justice dans le Delaware, où la société est basée, pour exiger que Musk conclue l’accord aux conditions convenues.
22 juillet : Twitter annonce une baisse de son chiffre d’affaires dans ses résultats trimestriels – moins 1 %, à 1,2 milliard de dollars, pour le trimestre allant d’avril au 30 juin. Elle attribue cette baisse à l’incertitude créée par la question de l’acquisition et à la faiblesse du marché publicitaire.
Le 29 juillet : Musk riposte à Twitter, accusant la société de fournir délibérément de fausses informations sur les faux comptes afin d’induire les investisseurs en erreur. La plainte de Twitter contre Musk est rejetée.
Le 30 août : Musk passe à l’offensive en utilisant les accusations d’un dénonciateur de Twitter, Peter « Mudge » Zatko. M. Zatko, ancien responsable de la sécurité chez Twitter, a accusé la société d’une série de défaillances dans sa réglementation en matière de sécurité de l’information. Toutefois, les experts juridiques affirment que les allégations de M. Zatko ne sont probablement pas suffisantes pour faire pencher la balance juridique en faveur de M. Musk. Twitter reste le favori pour gagner le procès dans le Delaware.
Le 7 septembre : Musk échoue dans sa tentative de retarder le procès de Delaware, le juge décidant que l’affaire se poursuivra à partir du 17 octobre.
Le 29 septembre : Un tribunal du Delaware, dans le cadre d’une procédure à venir, publie des messages texte entre Musk et ses plus proches confidents. Les messages sont révélateurs. Par exemple, le podcasteur Joe Rogan a demandé à Musk en avril s’il allait « libérer Twitter de la foule joyeuse de la censure ». Musk a répondu : « Je donnerai des conseils qu’ils pourront choisir de suivre ou non. »
« Écoutez ses avocats. »
Le 4 octobre : Dans un geste surprenant, Musk propose finalement de racheter Twitter, selon des conditions convenues en avril. Un expert juridique a déclaré que la décision semblait indiquer que le PDG de Tesla « a finalement écouté ses avocats ».
Le 5 octobre : La juge Kathleen McCormick du Delaware refuse d’ajourner le procès, affirmant que personne n’a encore demandé de prorogation.
Le 6 octobre : Musk demande une suspension du procès, ses avocats affirmant que Twitter « ne prendra pas un oui pour une réponse ». Twitter affirme que Musk disait essentiellement « Faites-nous confiance… nous sommes sérieux cette fois » et demande que le procès ait lieu le 17 octobre. Le juge s’est rangé du côté de Musk, donnant aux deux parties jusqu’à 17 heures le 28 octobre pour finaliser l’accord.
Le 13 octobre : Le réseau social a publié un document judiciaire indiquant que M. Musk fait l’objet d’une enquête fédérale concernant son rachat de Twitter. Le dépôt ne dit pas quel est l’objet de l’enquête ni quelles sont les agences fédérales qui enquêtent.
Le 20 octobre : Le Washington Post rapporte que M. Musk a déclaré aux investisseurs potentiels qu’il prévoyait de supprimer près de 75 % des 7 500 employés de Twitter s’il prenait le contrôle de l’entreprise.
Le 26 octobre : Musk visite le siège de Twitter à San Francisco, en tenant un lavabo. Le PDG de Tesla aurait déclaré aux employés de Twitter qu’il n’avait pas l’intention de licencier jusqu’à 75 % du personnel de l’entreprise.
Le 27 octobre : Des sources familières avec l’affaire disent que Musk a conclu l’accord. Plusieurs des principaux dirigeants de Twitter, dont le PDG, Parag Agrawal, seraient en train de partir.
28 octobre : Twitter confirme l’accord en déposant une demande auprès du régulateur financier américain. Le dossier dit que l’affaire a été conclue le jour précédent.
Avec les informations de The Guardian
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