Dans un effort de dernière minute, Belgrade et Pristina ont conclu un accord tard dans la nuit de mercredi à jeudi (23 novembre). pour mettre fin à un conflit dangereux sur les plaques d’immatriculation des voitures dans le nord du Kosovo, qui, selon les avertissements occidentaux, pourrait provoquer des violences ethniques.
« Nous avons un accord », a annoncé sur Twitter le chef de l’UE Josep Borel après être parvenu à un accord à Bruxelles à l’issue d’une nouvelle série de pourparlers de médiation avec le responsable serbe Petar Petkovic et le vice-premier ministre du Kosovo Besnik Bilšimi.
« Je suis très heureux d’annoncer que les négociateurs en chef du Kosovo et de la Serbie, sous l’égide de l’UE, ont convenu de mesures visant à éviter toute nouvelle escalade et à se concentrer pleinement sur la proposition de normalisation de leurs relations », a-t-il ajouté.
Une précédente tentative de médiation, plus tôt dans la journée de lundi, avait échoué lorsque le Premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, et le Président serbe, Aleksandar Vucic, n’avaient pas réussi à trouver un terrain d’entente.Le Kosovo avait prévu de commencer à imposer des amendes à partir de jeudi à quelque 10 000 conducteurs serbes qui continuent à utiliser des plaques d’immatriculation datant d’avant 1999 et délivrées par la Serbie.
Ce plan s’est heurté à une résistance farouche et parfois violente de la part des Serbes vivant dans le nord du pays, résistance qui, selon le Kosovo, a été largement provoquée par Belgrade.
En signe de protestation contre la question des plaques d’immatriculation, près de 600 policiers de la minorité serbe, puis des juges, des procureurs et d’autres fonctionnaires ont démissionné de leur poste ce mois-ci, tandis que des députés de la liste serbe ont également démissionné de leur siège au Parlement.
Il n’était toutefois pas clair si, en vertu de l’accord, ils reprendraient leur poste.
Avant le compromis de mercredi, la Serbie avait insisté pour que les véhicules traversant sa frontière depuis le Kosovo portent des autocollants délivrés par la Serbie sur des plaques du Kosovo.
Toutefois, Pristina a finalement été contrainte lundi de retarder de 48 heures le début des amendes infligées aux conducteurs, à la demande de son principal allié, les États-Unis.
Le représentant spécial de l’UE pour le dialogue, Miroslav Lajcak, a remercié les parties « pour leur engagement constructif » et la partie américaine « pour son soutien inestimable ».
Selon l’accord de mercredi, « la Serbie cessera d’émettre des plaques d’immatriculation portant le nom de villes kosovares et le Kosovo cessera toute action liée à la réimmatriculation des véhicules », a déclaré M. Borel.
Le diplomate en chef de l’UE a également déclaré qu’il inviterait les deux parties dans les prochains jours pour discuter de la proposition de l’UE, également soutenue par la France et l’Allemagne, qui permettrait aux deux « ennemis » de normaliser leurs relations.
Dans une menace voilée adressée aux deux parties pour qu’elles respectent tous les accords de dialogue précédents entre Belgrade et Pristina, M. Borel a souligné que l’accord de mercredi comprend également une disposition selon laquelle « en cas d’obstruction par l’une des parties, le médiateur de l’UE peut mettre fin au processus. »
L’objectif est « de présenter des résultats d’ici le prochain panel spécial sur la normalisation avec le Kosovo et la prochaine mise à jour du chapitre 35 pour la Serbie », a-t-il déclaré.
La Serbie étant actuellement toujours candidate à l’adhésion à l’UE, le chapitre 35 des critères d’adhésion à l’UE fait référence à la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina comme condition à l’adhésion à l’UE.
L’accord de mercredi intervient à deux semaines d’un sommet UE-Balkans occidentaux qui se tiendra le 6 décembre à Tirana, en Albanie, et qui vise à faire le point sur les perspectives d’adhésion de la région à l’UE.
La présidente du Kosovo, Viosa Osmani, a quant à elle remercié Washington « pour sa participation active à la conclusion de l’accord d’aujourd’hui à Bruxelles », qu’elle a qualifié d' »indispensable ».
M. Osmani avait auparavant accusé M. Borrell de partialité pour sa déclaration désignant le Kosovo comme responsable de l’interruption des négociations de lundi.
Lundi, M. Borrell avait reproché aux dirigeants de ne pas être parvenus à un accord, déclarant qu’il informerait les pays de l’UE et leurs partenaires internationaux du « comportement peu constructif des parties et de leur mépris total de leurs obligations juridiques internationales, en particulier en ce qui concerne le Kosovo ».
Washington a salué l’accord et a appelé le Kosovo et la Serbie à œuvrer à la normalisation de leurs relations.
« Les deux parties ont fait un grand pas en avant aujourd’hui, avec l’aide de l’UE, pour garantir la paix et la stabilité dans toute la région », a déclaré Ned Price, porte-parole du département d’État, dans un communiqué.
En 2013, le Kosovo et la Serbie se sont engagés à lancer un dialogue sous l’égide de l’UE pour résoudre tous les problèmes qui les opposent encore, mais jusqu’à présent, peu de progrès ont été réalisés.
La déclaration d’indépendance du Kosovo en 2008 est reconnue par quelque 110 pays, mais pas par la Serbie, la Russie, la Chine et les cinq États membres de l’UE, à savoir Chypre, la Grèce, la Roumanie, la Slovaquie et l’Espagne.
L’OTAN dispose encore d’environ 3 700 soldats dans la force de maintien de la paix sur le territoire du Kosovo, la KFOR, pour prévenir toute flambée dans la région.
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