Le vote a commencé hier, vendredi, dans les référendums russes sur l’annexion des régions ukrainiennes sous occupation totale ou partielle par les forces russes. Kiev a fermement condamné ces votes, tout comme Washington, qui a promis une « réponse rapide et ferme » à la Russie.
Hier, vendredi soir, dans un discours à la nation, le président ukrainien Volodymyr Zhelensky a appelé le reste du monde à condamner ce qu’il a appelé ces « pseudo-référendums ».
« Le monde réagira avec la plus grande justice aux pseudo-référendums » et ils « seront catégoriquement condamnés », a-t-il souligné.
Faisant écho à ses propos, le président américain Joe Biden a averti la Russie que les États-Unis « travailleront avec (leurs) alliés et partenaires pour imposer rapidement et sévèrement des mesures économiques supplémentaires à la Russie » si elle annexe le territoire ukrainien.
« Les référendums de la Russie sont une fraude, un faux prétexte pour tenter d’annexer des parties de l’Ukraine par la force », a dénoncé dans un communiqué le président américain, qui a déjà imposé plusieurs séries de sanctions économiques et financières aux autorités russes.
Dans le même temps, dans une déclaration commune, les pays du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Grande-Bretagne) ont appelé « tous les pays à rejeter catégoriquement ces référendums fictifs », qui constituent une « erreur » et « n’ont ni force légale ni légitimité ».
Sans procéder à une condamnation des référendums, la Chine, partenaire le plus proche de Moscou, a appelé pour sa part au respect de « l’intégrité territoriale de tous les pays ».
La Russie continue de recruter des réservistes.
Dans le même temps, la conscription de centaines de milliers de réservistes se poursuivait en Russie, le Kremlin cherchant à stopper l’avancée de l’armée ukrainienne qui, renforcée par les livraisons d’armes occidentales, a revendiqué hier de nouvelles conquêtes territoriales.
Zelensky a appelé tous les Ukrainiens se trouvant dans le territoire occupé par la Russie « à se cacher pour échapper à la conscription russe » et, s’ils ne peuvent pas s’échapper, « à saboter toute activité ennemie ».
Du côté de l’ONU, la commission d’enquête de l’organisation internationale a estimé hier que « des crimes de guerre ont été commis en Ukraine », citant notamment les bombardements russes sur les zones civiles, les exécutions, la torture, les mauvais traitements, ainsi que les violences sexuelles.
L’Ukraine a annoncé au même moment que 447 corps avaient été exhumés d’un site d’enterrement collectif à Izium, une ville reprise par les forces ukrainiennes dans le nord-est de l’Ukraine après des mois d’occupation russe, et que 30 d’entre eux portaient des « signes de torture », notamment des mains liées, des membres brisés et des « organes génitaux mutilés ».
Les critiques internationales n’ont pas dissuadé Moscou de poursuivre ses projets de référendums en Ukraine.
Le scrutin, qui a débuté hier à 8 heures, heure locale, se terminera le mardi 27 septembre dans les régions séparatistes de Donetsk et de Louhansk, dans l’est de l’Ukraine, et dans les zones occupées par les Russes dans les régions de Kherson et de Zaporizhzhya, dans le sud de l’Ukraine.
Kiev critique l’Iran
Des centaines de bureaux de vote devaient ouvrir dans ces quatre régions, et dans d’autres en Russie, pour permettre aux personnes déplacées de voter.
« Nous espérons qu’après le référendum, ils arrêteront de nous bombarder, que nous aurons la paix et l’ordre », a déclaré à l’AFP Vladimir Shyutov, originaire de la région de Louhansk et qui était allé voter dans la délégation de Donetsk à Moscou.
Dans la capitale russe, Saint-Pétersbourg, et dans d’autres villes russes, les autorités ont organisé des manifestations de soutien aux référendums avec des drapeaux et des slogans.
« Ces référendums sont un pas vers la paix », a déclaré Viktor Suvorov, 40 ans, qui a participé à la manifestation à Moscou, près de la place Rouge.
En Ukraine, en Tchétchénie, le responsable ukrainien Andriy Kanasevich a vivement réagi aux déclarations faites à l’AFP sur ces référendums « illégaux ». « Pour être honnête, ils n’ont aucune valeur », a-t-il déclaré.
Entre-temps, l’Iran est à nouveau sous le feu des autorités ukrainiennes, qui l’accusent de livrer des armes à Moscou, principalement des drones, qui ont fait un mort lors d’une attaque des forces russes contre le port d’Odessa hier.
Dénonçant le comportement « hostile » de Téhéran, Kiev a décidé de retirer les lettres de créance de l’ambassadeur iranien en Ukraine et de « réduire considérablement » le personnel de l’ambassade iranienne à Kiev.
Marche des Ukrainiens
Sur le terrain, l’Ukraine a annoncé hier la reprise de Yatsiivka dans la région de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine. Elle a également annoncé que ses forces ont progressé au sud de Bakhmut, une région de l’est du pays que l’armée russe tente en vain depuis des mois de soumettre à son contrôle.
Du côté des séparatistes, le chef de Donetsk, Denis Pushilin, a évoqué une situation « extrêmement difficile » dans le nord de sa ville.
Dans la région de Louhansk, un autre responsable séparatiste, Andreï Marochko, a fait état de bombardements ukrainiens, notant que les forces de Kiev « veulent tout faire pour briser le référendum ».
L’annonce précipitée de ces référendums s’est accompagnée ce mercredi par le président russe Vladimir Poutine du recrutement partiel immédiat d’au moins 300 000 réservistes. M. Poutine a également menacé d’utiliser l’ensemble de l’arsenal russe, qui comprend des armes nucléaires.
Bien que les réseaux de télévision n’aient diffusé presque aucune image du repêchage, de nombreuses vidéos sur les médias sociaux ont montré des hommes au visage renfrogné montant dans des bus après avoir embrassé leur famille, certains ayant les yeux embués.
M. Constantine, 29 ans, contacté par l’AFP, a déclaré qu’il avait reçu une carte d’invitation individuelle à caractère sexuel au domicile de ses parents. « Je suis encore sous le choc », a-t-il dit. « Je ne veux pas me cacher, mais je ne saute pas de joie non plus », a-t-il noté.
D’autres ont été vus en train de recevoir une fanfare après avoir été arrêtés lors des manifestations de mercredi contre la corruption.
« Je m’attendais à la routine : l’arrestation, le poste de police, le tribunal. Mais quand je les ai entendus dire : ‘Demain vous partez à la guerre’, (…) ce fut une surprise désagréable », a déclaré à l’AFP Mikhaïl Suetin, 29 ans également, qui a refusé de signer le document.
L’annonce du rappel partiel a également incité de nombreux Russes à fuir le pays, provoquant un afflux à la frontière, sans qu’il soit possible de chiffrer l’ampleur du phénomène.
La Finlande a décidé de prendre des mesures pour restreindre « significativement » l’entrée des citoyens russes sur son territoire, tandis que les pays baltes et la Pologne ont déjà stoppé radicalement les entrées depuis des semaines.
Source : APE-MPA
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