Le décès de la reine Élisabeth II, qui était très populaire après 70 ans sur le trône britannique, a été suivi d’une série d’éloges funèbres prononcés par des dirigeants du monde entier et des citoyens ordinaires. Face à eux, les partisans de l’abolition de la monarchie ont eu du mal à se faire entendre.
« Pas mon roi », « Abolir la monarchie » : lundi, un manifestant anti-monarchie est apparu devant Westminster, lors de la première visite de Charles depuis qu’il est roi de Grande-Bretagne. Elle a été rapidement expulsée par la police.
« Le Parlement accepte que Charles Windsor soit le nouveau dirigeant de ce pays sans que le peuple ait son mot à dire », a déclaré le manifestant à l’AFP.
Dimanche déjà, avant l’arrivée du cercueil d’Elizabeth II à Édimbourg, la police écossaise a arrêté, sous les applaudissements de la foule, une femme tenant une banderole sur laquelle on pouvait lire « Abolir la monarchie », pour trouble à l’ordre public.
Les voix des opposants à la monarchie sont extrêmement rares dans le pays, qui est en deuil après la mort d’Elizabeth, 96 ans, jeudi 8 septembre.
On trouve des portraits d’elle partout à Londres : aux arrêts de bus, dans le métro, dans les vitrines des magasins.
Selon un sondage YouGov publié lundi, 44 % des Britanniques ont déclaré avoir pleuré à la mort de la reine. En outre, des centaines de milliers de personnes ont formé une file d’attente de plusieurs kilomètres de long pour vénérer son cercueil avant ses funérailles, lundi.
Même le mouvement République, qui lutte pour l’abolition de la monarchie, a exprimé sa « tristesse » face à la mort d’Elizabeth dans un bref message de condoléances.
« Sans débat »
Mais le ton change deux jours plus tard, lorsque Charles est officiellement déclaré roi de Grande-Bretagne. Son accession au trône est un « affront à la démocratie », a jugé le mouvement.
« La Grande-Bretagne a profondément changé depuis 1952 », date à laquelle Elizabeth II est montée sur le trône. « Dans cette société moderne et démocratique, le chef de notre État ne peut pas simplement assumer ce rôle sans débat ou sans s’interroger sur sa légitimité », a déclaré la République. Sur la première page de son site web figure un portrait de Charles III avec le hashtag #notmyking (pas mon roi).
Des messages similaires ont été postés sur les médias sociaux. « La rapidité de son ascension (de Charles) sur le trône avait pour but d’éviter le débat et la controverse sur la monarchie héréditaire », a critiqué Kevin Maguire, chroniqueur du Daily Mirror, sur Twitter.
« Il est plus facile de critiquer Charles » qu’Elizabeth, a commenté Graham Smith, directeur de la République : « Il ne bénéficie pas du même soutien que la reine (…) il n’est pas protégé par la même aura », a-t-il évalué. « Les gens, notamment sur les médias sociaux, commencent déjà à parler de la monarchie ».
Des siècles d’histoire
Charles, qui a succédé à sa mère à l’âge de 73 ans, devenant ainsi le plus vieux monarque à monter sur le trône dans l’histoire britannique, est moins populaire qu’Elizabeth II, qui était largement aimée. Les partisans de l’abolition de la monarchie espèrent depuis des années qu’un changement de roi leur ouvrira la porte.
La popularité de Charles III a augmenté après son accession au trône, selon un sondage YouGov publié mardi. Trois personnes sur cinq pensent qu’il sera un bon roi, tandis que 94 % ont évalué positivement son premier discours en tant que monarque.
Robert Hazel, spécialiste des questions constitutionnelles à l’Université de Londres, semble sceptique quant à l’abolition de la monarchie en Grande-Bretagne. « A l’époque moderne, le soutien à l’abolition de la monarchie est très limité en Grande-Bretagne. Les sondages sont restés étonnamment stables au cours des 30 à 40 dernières années. »
En juin, 62 % des Britanniques pensaient que le pays devait rester une monarchie, 22 % seulement estimant que le chef de l’État devait être élu. Cependant, les jeunes étaient plus favorables à l’abolition de la monarchie que les personnes plus âgées.
« En tant que roi, Charles n’a pas fait de faux pas, ce qui a été le cas jusqu’à présent, et je pense que la monarchie bénéficiera du même niveau de soutien que sous le règne d’Elizabeth, si ce n’est plus », note Hazel.
Julie Bishop, une Britannique de 62 ans, a résumé ce que la majorité de ses compatriotes semblent croire : « Il est très difficile de penser autrement après tant de siècles. »
Source : APE-MPA
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