Le plafond imposé au pétrole brut russe transporté par voie maritime devrait être abaissé à 30 dollars le baril afin de nuire davantage à l’économie russe, a estimé aujourd’hui un haut responsable de la présidence ukrainienne.
« C’est ce qu’a proposé le groupe McFaul-Yermak, mais il faudrait (le plafond) être réduit à 30 dollars pour détruire plus rapidement l’économie de l’ennemi », a écrit sur Telegram Andrew Yermak, chef du bureau présidentiel ukrainien, en référence au groupe de travail international sur les sanctions.
Un plafonnement du prix du pétrole russe à 60 dollars le baril sera imposé dans les prochains jours après que l’UE, le G7 et l’Australie sont parvenus à un accord sur la question hier vendredi, trois jours avant l’entrée en vigueur de l’embargo européen sur le pétrole russe transporté par voie maritime.
L’UE, le G7 et l’Australie décident d’imposer un plafond au pétrole russe.
Un plafonnement du prix du pétrole russe à 60 dollars le baril sera imposé dans les prochains jours après que l’UE, le G7 et l’Australie sont parvenus à un accord sur la question hier vendredi, trois jours avant l’entrée en vigueur de l’embargo européen sur le pétrole russe transporté par voie maritime.
« Le G7 et l’Australie (…) sont parvenus à un accord sur un prix maximum de 60 dollars par baril pour le pétrole brut russe transporté par voie maritime », ont-ils indiqué dans un communiqué commun.
La secrétaire d’État américaine au Trésor, Janet Yellen, a salué cette évolution, qui est « l’aboutissement de mois d’efforts de notre coalition ».
Plus tôt hier, les 27 États membres de l’UE ont également accepté de plafonner le prix du pétrole russe après avoir réussi à convaincre la Pologne.
Les ministres des finances du G7 avaient déjà accepté depuis début septembre ce plafonnement du prix du pétrole russe, un outil visant à priver Moscou de moyens pour financer sa guerre en Ukraine.
Le prix fixé est suffisamment élevé pour que la Russie ait intérêt à continuer à leur vendre du pétrole, mais il est inférieur au prix actuel du marché afin de limiter les revenus de Moscou.
Le mécanisme entrera en vigueur lundi « ou peu après », ont précisé le G7 et l’Australie. En outre, l’embargo de l’UE sur le pétrole russe transporté par voie maritime entre en vigueur lundi.
Seul le pétrole vendu par la Russie à un prix égal ou inférieur à 60 dollars sera autorisé à être exporté. Au-delà de cette limite, il sera interdit aux entreprises de proposer des services liés au transport maritime (fret, assurance, etc.).
Correction des prix
La Russie, deuxième exportateur mondial de pétrole brut, a pour sa part prévenu qu’elle n’exporterait pas de pétrole vers les pays qui adopteraient ce plafond.
Sans ce plafond, il sera facile pour Moscou de trouver de nouveaux acheteurs prêts à payer le prix actuel de son pétrole brut. Actuellement, le brut de l’Oural oscille autour de 65 dollars, juste au-dessus du plafond européen, ce qui signifie que son impact sera limité à court terme.
« Nous sommes prêts à revoir et à ajuster le plafond si nécessaire », ont assuré le G7 et l’Australie dans leur déclaration. En outre, un plafond devrait également être fixé pour les produits pétroliers russes à partir du 5 février 2023.
L’embargo européen entre en vigueur plusieurs mois après celui des États-Unis et du Canada.
« L’UE reste unie et solidaire de l’Ukraine », a déclaré la République tchèque, qui assure la présidence tournante du bloc, dans un message sur Twitter.
La Russie a tiré 67 milliards d’euros des ventes de pétrole à l’UE depuis le début de la guerre en Ukraine, tandis que son budget militaire annuel s’élève à environ 60 milliards d’euros, a rappelé Puk-Vinh Nguyen, expert en énergie à l’Institut Jean Delors.
Craintes de déstabilisation
Certains experts craignent que le marché mondial ne soit déstabilisé et s’interrogent sur la réaction des pays producteurs de pétrole de l’OPEP, qui se réunissent demain dimanche à Vienne.
« Ce plafond contribuera à stabiliser les marchés mondiaux de l’énergie (…) et bénéficiera directement aux économies émergentes et aux pays en développement » car ils pourront importer du pétrole russe à un prix inférieur au plafond, a assuré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Entre-temps, l’embargo de l’UE sur le pétrole russe transporté par voie maritime entre en vigueur lundi, ce qui réduira de deux tiers les achats de l’Union à Moscou. L’Allemagne et la Pologne ont également décidé de suspendre leurs achats de pétrole transporté par oléoduc d’ici la fin de l’année, les exportations de pétrole russe étant affectées à plus de 90%, selon les Européens.
Au lieu de cela, « un plafonnement du prix du pétrole est quelque chose que nous n’avons jamais vu auparavant. Nous sommes en territoire inconnu », s’inquiète Phuk-Vinh Nguyen, soulignant que la réaction des pays de l’OPEP ou des grands acheteurs comme l’Inde et la Chine sera cruciale.
La seule chose dont il est sûr, c’est que le plafond enverra « un message politique fort » au président russe Vladimir Poutine, car une fois le mécanisme en place, ses conditions pourraient être renforcées.
Source : APE-MPA
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