Alors que les combats continuent de faire rage en Ukraine, certains pays d’Europe, dont l’Ukraine, ne veulent pas entendre parler d’un accord de paix avec la Russie.
Emmanuel Macron – qui, du haut de la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU le 20 septembre, avait déclaré que « la France rejette l’invasion russe de l’Ukraine et poursuivra obstinément la paix » -… qui se trouve à Rome depuis dimanche, s’est exprimé lors de l’ouverture de la conférence de paix organisée par la Communauté de Sant’Egidio à Rome.
« Une paix est possible » en Ukraine quand « les Ukrainiens décident », a déclaré Macron, ajoutant : « Ne laissons pas la paix aujourd’hui être en quelque sorte l’otage de la puissance russe (…) Une paix est possible, seulement cette paix que les Ukrainiens décideront, quand ils la décideront », a-t-il ajouté lors de son discours d’ouverture.
Emmanuel Macron a justifié le soutien occidental à Kiev en affirmant que l’objectif est « qu’à un moment donné, le peuple ukrainien puisse choisir la paix aux conditions qu’il a décidées. »
« La paix se construira avec l’autre, qui est l’ennemi d’aujourd’hui, autour d’une table », a déclaré le président français, qui a tenu à engager des conversations téléphoniques infructueuses avec Vladimir Poutine à la veille de l’invasion russe de l’Ukraine et après, provoquant une levée de boucliers chez les alliés de l’Otan, notamment les pays d’Europe de l’Est.
Immédiatement après son discours, Macron sera rejoint par des intellectuels et le fondateur de la communauté catholique de Saint-Augustin, Andrea Ricardi. Ricardi est connu pour ses activités de médiation en Afrique, en Amérique latine et dans les Balkans.
S’adressant au Monde, M. Ricardi a déclaré qu’il souhaitait, à l’occasion d’un sommet de la paix à Rome, « recréer et porter une culture de la paix sur le devant de la scène internationale ».
M. Macron rencontrera le pape François lundi (24/10) matin et ils devraient parler de l’Ukraine. Les deux hommes s’étaient retrouvés au Vatican en novembre 2021.
Le voyage à Rome devrait permettre à Emmanuel Macron de faire entendre son message de paix. Le pape François lui-même a appelé en vain à l’arrêt des combats. Il a également cherché à jouer un rôle de médiateur avant et après le début de l’invasion russe, tout en évitant de se brouiller avec le patriarche Kirill de l’Église orthodoxe russe, garant religieux de Vladimir Poutine.
Craintes d’une nouvelle escalade au sujet de la Crimée
Officiellement, il n’est pas question de lancer une quelconque médiation, même si Macron a tenté ces dernières semaines de promouvoir cette perspective pour que, le moment venu, la France et l’Europe soient à la table des négociations.
À Prague, lors du sommet de la Communauté politique européenne (CPE) qui s’est tenu le 6 octobre, il s’est entretenu avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, seul dirigeant à occuper jusqu’à présent une position clé dans les discussions entre Moscou et Kiev.
« La discussion reste une nécessité »
« Parler de paix n’est pas une trahison des Ukrainiens. Ma première visite en Ukraine remonte à 1989 et j’ai compris le désir d’indépendance des Ukrainiens, dit Andrea Ricardi.
« Nous ne sommes pas naïfs, nous connaissons la nature des interlocuteurs russes, mais la discussion reste une nécessité. Macron est le seul dirigeant européen qui a adopté une ligne dure avec la Russie, en gardant la porte ouverte. »
Pour le fondateur de Sant’Egidio, « la paix en Ukraine ne peut se faire sans Washington ou Pékin, mais doit se faire avec l’aide de l’Europe dans une position similaire à celle d’Emmanuel Macron. »
« Dans le contexte actuel, avec le danger nucléaire, il est nécessaire de recommencer à parler de paix », déclare Andrea Ricardi, en référence aux récentes menaces de confrontation atomique proférées par le Kremlin.
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