Les Brésiliens votent aujourd’hui pour le premier tour de l’élection la plus polarisée du pays depuis des décennies. Le gauchiste Lula da Silva est le favori face au président sortant de droite Jorge Bolsonaro.
Lula a conservé une solide avance pendant des mois, selon la plupart des sondages, mais Bolsonaro a indiqué qu’il pourrait refuser d’accepter son éventuelle défaite, faisant craindre une crise institutionnelle ou des violences post-électorales.
Un message affiché sur la statue du Christ Rédempteur à Rio de Janeiro avant le vote disait : « La paix dans les élections ».
La plupart des sondages indiquent que Lula, qui a été président de 2003 à 2010, sera élu avec une marge de 10 à 15 points de pourcentage. S’il remporte plus de 50 % des bulletins valides, ce que de nombreux sondeurs estiment être dans ses cordes, il pourrait remporter la présidence dès le premier tour.
Le gagnant sera annoncé dans les heures qui suivent la clôture du scrutin, à 17 heures (heure de Brasilia, 23 heures GMT).
Si aucun candidat ne remporte plus de la moitié des voix, après suppression des bulletins blancs et nuls, les deux premiers finalistes s’affronteront en duel le 30 octobre au second tour, prolongeant ainsi une campagne intense.
Bolsonaro va contester le résultat
M. Bolsonaro a menacé de contester le résultat des élections après avoir formulé des allégations de fraude non étayées, accusé les autorités électorales de comploter contre lui et suggéré que l’armée procède à un décompte parallèle des voix, ce que cette dernière a refusé.
Une victoire décisive de Lula aujourd’hui pourrait réduire les chances d’une transition turbulente. Les détracteurs de Bolsonaro affirment qu’un autre mois d’attaques contre le processus démocratique pourrait inciter à des troubles sociaux, comme l’attaque du Capitole américain en 2021 par des partisans de l’ancien président Donald Trump.
Bolsonaro affirme qu’il respectera le résultat des élections tant que le vote sera « clair et transparent », sans préciser de critères.
Les Brésiliens votent également aujourd’hui pour les 513 membres de la chambre basse du Parlement, un tiers des 81 membres du Sénat et pour les gouverneurs et les parlements des États.
Bien que Lula soit en tête de la course présidentielle, la coalition conservatrice qui soutient Bolsonaro devrait conserver la majorité dans les deux chambres du Parlement. Si cela se produit, le gauchiste Lula devrait être confronté à de sérieux défis pour gouverner un pays où la faim augmente, où le chômage est élevé et où la reprise après la pandémie de Covid-19 est inégale.
Le bien-être au cœur des thèmes électoraux des deux candidats
Lula et Bolsonaro ont tous deux promis de généreuses dépenses sociales pour l’année à venir, ce qui accroît la pression sur le budget fédéral.
Toutefois, l’autonomie récemment établie de la banque centrale du Brésil et le fait que Lula ait choisi un ancien rival centriste pour son ticket ont rassuré les investisseurs.
Lula s’est engagé à stopper immédiatement les politiques environnementales de Bolsonaro, alors que la destruction de la forêt amazonienne a atteint sa plus grande ampleur depuis 15 ans. Il s’est également engagé à lutter contre l’exploitation forestière, à renforcer la protection des tribus locales et à faire du Brésil un leader en matière de diplomatie climatique.
Comme lors des élections précédentes, les forces armées brésiliennes ont été mobilisées pour renforcer la sécurité des quelque 477 000 bureaux de vote, qui utilisent des machines à voter électroniques permettant un enregistrement rapide des résultats par l’autorité électorale nationale (TSE).
Suite aux critiques de Bolsonaro sur les systèmes de vote brésiliens, le TSE a invité un nombre record d’observateurs électoraux étrangers, dont pour la première fois des missions d’observateurs américains du Centre Carter et de la Fondation internationale pour les systèmes électoraux (IFES).
Lula proche du triomphe électoral
Luis Inácio Lula da Silva apparaît comme le favori incontesté de l’élection présidentielle d’aujourd’hui, qu’il pourrait remporter dès le premier tour, selon deux sondages réalisés quelques heures avant l’ouverture des bureaux de vote.
Selon l’institut Datafolha, Lula obtiendra 50 % des voix (sans compter les votes nuls et blancs) contre 36 % pour le président d’extrême droite Jorge Bolsonaro. Pour être élu président dès le premier tour, le vainqueur doit obtenir au moins une voix de plus que la moitié des votes valides (50 %), faute de quoi il sera procédé à un second tour le 30 octobre.
Dans les intentions de vote, Lula obtient 48% contre 34% pour Bolsonaro, avec une marge d’erreur statistique de ±2%. Le sondage a été réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 12 800 électeurs, vendredi et samedi.
Dans un autre sondage pour l’institut IPEC, Lula obtient 51% contre 37% pour Bolsonaro au premier tour de l’élection présidentielle au Brésil.
Lula da Silva a été acclamé hier, samedi, par des dizaines de milliers de ses partisans qui s’étaient rassemblés dans le centre-ville de São Paulo, bravant la pluie. Le Parti des travailleurs (PT), parti de centre-gauche, a réservé un espace sur l’avenue centrale Paulista de São Paulo pour célébrer dimanche soir l’éventuelle élection en fanfare de son fondateur, âgé de 77 ans.
Pour sa part, Jaix Bolsonaro, 67 ans, qualifie les sondages de « trompeurs » et se dit confiant d’assurer sa réélection à la présidence dès le premier tour.
Articles similaires
- Elections brésiliennes : « Retour à la normale » pour Lula, « transparence » pour Bolsonaru
- La victoire de Lula da Silva dans les sondages électoraux brésiliens
- Élections au Brésil : L’avance marginale de Lula – le thriller de Bolsonaro
- Brésil : Ouverture des bureaux de vote pour le second tour des élections – La marge de Lula-Bolsonaro sur le fil du rasoir
- Élections brésiliennes : les sondages annoncent un derby Lula-Bolsonaro