Le Parti communiste chinois (PCC) termine aujourd’hui son congrès à Pékin, qui devrait, sauf imprévu choquant, sceller le couronnement du président Xi Jinping pour un troisième mandat consécutif à la tête du parti et de l’État et définir, dans les grandes lignes, l’avenir politique du pays au cours des cinq prochaines années.
Le vingtième congrès du PCC depuis sa fondation en 1921 se tient à un moment délicat pour la Chine, alors que la deuxième économie mondiale est confrontée à un ralentissement de son taux de croissance en raison des blocages répétés pour empêcher la propagation du nouveau coronavirus et de l’escalade des tensions diplomatiques avec l’Occident.
Depuis une semaine, les quelque 2 300 délégués issus des différentes organisations du parti se réunissent à huis clos à Pékin.
À l’ordre du jour : l’élection d’une nouvelle équipe dirigeante du parti et la définition de l’orientation future du géant asiatique.
Comme le rapporte l’agence de presse officielle chinoise Chine nouvelle, la séance de clôture est déjà en cours au Palais du peuple, l’immense bâtiment de style soviétique qui domine la vaste place Tiananmen.
Xi Jinping devrait être renommé demain secrétaire général du PCC par le nouveau comité central, qui émergera du congrès et comptera quelque deux cents membres.
Ce vote, considéré comme une simple formalité, signifiera qu’en mars 2023, Xi Jinping, 69 ans, entamera un troisième mandat présidentiel de cinq ans. Ce troisième mandat « met fin » à trois décennies de changement de dirigeants après un maximum de deux mandats en Chine, résume Neil Thomas, sinologue à l’Institut Eurasia Group.
Pour rester au pouvoir, l’homme fort de Pékin a dû réviser la constitution en 2018 pour supprimer la limite de deux mandats. En théorie du moins, Xi Jinping peut donc diriger la République populaire à vie.
Nouveau Premier ministre
Les analystes et les médias soulignent que Xi Jinping cherchera probablement à changer son titre en « président du parti », à l’image de celui du fondateur de la République populaire, Mao Zedong (1949-1976).
Il pourrait donc y avoir un changement dans la constitution du PCC. En 2017, elle avait inclus une référence à la « pensée de Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises en vue de la nouvelle ère ». Cette phrase a été ajoutée un an plus tard à la Constitution chinoise.
Le congrès du parti devrait également modifier en grande partie la composition du comité permanent du Politburo.
La composition de ce puissant organe de sept membres – qui, pour beaucoup, détient les clés du pouvoir en Chine – sera révélée demain.
Selon une tradition non écrite, certains de ses membres atteignent l’âge auquel ils prennent leur retraite.
La coutume veut que les membres du Comité permanent soient annoncés par ordre d’importance, le premier étant le Secrétaire général. A priori, le second est le Premier ministre, en l’occurrence celui qui succédera à Lee Keqiang en mars.
Parmi les noms évoqués pour le remplacer figurent celui de Wang Yang, l’une des voix les plus libérales du parti, et celui du vice-Premier ministre Hu Chunhua.
Li Chiang, chef de l’organisation du parti à Shanghai, serait également parmi les candidats, malgré la façon chaotique dont il a géré le verrouillage au printemps.
Les « scénarios du pire »
Le nouveau comité permanent sera composé « en grande majorité de personnalités loyales à Xi Jinping », prédit Nils Grunberg de l’Institut Mercator d’études chinoises (MERICS) à Berlin.
Plusieurs universitaires sinophones estiment qu’aucun successeur potentiel de Xi Jinping ne devrait émerger.
Depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, le dirigeant chinois a concentré le pouvoir au sommet de la deuxième force économique la plus puissante du monde et a cherché à renforcer le régime.
Chef du parti, de l’Etat, des forces armées : le leader chinois a appelé à la poursuite de sa politique dans son discours au ton triomphant ouvrant le 20e congrès.
La stratégie « zéro COVID » devrait donc se poursuivre, malgré ses conséquences négatives pour l’économie et le désespoir qu’elle provoque chez une population souvent confrontée à des mesures restrictives draconiennes.
En rupture avec la diplomatie très prudente de ses prédécesseurs, Xi Jinping devrait également chercher à faire entendre davantage la voix de la Chine. Avec en toile de fond l’escalade des tensions avec le grand rival de son pays, les États-Unis, notamment sur la question de Taïwan.
Xi Jinping a la « sécurité du régime » en tête, selon les analystes de SinoInsider. Il a utilisé ce terme 91 fois dans son discours de dimanche dernier, plus que tout autre.
« Nous devons (…) être préparés aux pires scénarios, résister aux vents violents, aux eaux sauvages, voire aux tempêtes dangereuses », a-t-il averti.
Source : APPE-MPA
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