Après Balenciaga, Adidas coupe les liens avec Kanye West -La chronique d’un démantèlement

Nous allons nous pencher à nouveau sur le phénomène Kanye West, et cette fois-ci pour le voir dans sa véritable dimension. Vous direz – et à juste titre – où commence la vérité et le mensonge dans le cas de Ye et vous aurez raison, mais encore une fois, nous ne pouvons pas dire que nous ne sommes pas impliqués dans tout cela. L’industrie de la mode n’est pas irresponsable face au dérapage fou de Kanye West, et ne peut encore moins faire semblant de ne pas comprendre sa pensée lorsqu’il est apparu sur le podium de Balenciaga en tant que pièce maîtresse il y a tout juste un mois.

Prenons les choses par le haut. Cette série de scandales autour de Ye a commencé avec ses célèbres T-shirts Yeezy avec le logo « White Lives Matter », qui ont naturellement provoqué une forte réaction. Tous les grands magazines de mode ont immédiatement pris position sur la diatribe raciste de Ye. Tout comme la célèbre rédactrice en chef afro-américaine de Vogue, Gabriella Karefa-Johnson, qui s’est exprimée en condamnant Ye et l’irresponsabilité de ses actes, avant de s’attirer les foudres de commentaires désobligeants sur son apparence et sa morphologie. « Ce n’est pas un visage de mode », a écrit Kanye dans une story Instagram. « Si tu parles de Ye, il parlera de toi aussi. Je sais qu’Anna déteste ces bottes », a-t-il écrit en majuscules, faisant bien sûr allusion à Anna Wintour.

Il a même rompu son partenariat avec la méga marque GAP parce que la société n’a pas poursuivi la création des magasins YZY GAP avec la simple excuse du côté de Ye qu’un roi ne peut pas s’asseoir dans le château de quelqu’un d’autre, mais a besoin du sien ! Et nous poursuivons notre programme avec une interview de Tucker Carlson, connu pour ses opinions extrêmes et racistes à l’encontre de toute minorité, ethnique ou sociale. Dans des séquences inédites, Ye a tenu des propos antisémites extrêmes, à la limite de la folie, et a même parlé de la communauté latino américaine. Enfin, apparemment dans un délire, il a déchaîné des menaces contre les juifs sur Twitter, le média s’appropriant son compte et Instagram bloquant de son côté son profil pendant environ 24 heures.

Les conséquences sont plus ou moins connues de la plupart des gens : Balenciaga a annoncé qu’il coupait tous ses liens avec Ye, et le groupe Kering a fait une annonce similaire, déclarant officiellement la fin verticale de toute collaboration. Ses photos ont été retirées du dernier défilé, tandis que dans le même temps, Demna Gvasalia lui-même continue de garder le silence. De son côté, Adidas a définitivement mis fin à son partenariat avec Kanye West, le rappeur ayant écrit que la marque lui volait ses créations depuis des années ! Tout cela après que le public ait réagi, bien sûr, en exigeant que Ye quitte le groupe Adidas une fois pour toutes et ne se contente pas de réviser le contrat qui les lie, alors qu’au même moment, Conde Nast annonçait que Ye ne ferait plus partie du contenu du groupe.

Et pourtant, nous sommes tous complices du pouvoir de Ye. Car comment est-il possible qu’une maison comme Balenciaga, et même son propre directeur de la création Demna Gvasalia, n’aient pas vu les tendances paranoïaques et les opinions de Kanye jusqu’à il y a quelques mois, après ses déclarations folles sur les médias sociaux et ses brimades envers son ex-femme Kim Kardashian ? Ou bien la même chose ne s’est-elle pas produite avec Anna Wintour, qui a fait en sorte de se distancer de la question immédiatement après les souvenirs avec toute la réhabilitation de John Galliano après son éviction de Dior ? Ils le savaient et nous le savions, nous l’avons vu et nous l’avons ressenti. Nous allons donc procéder à une nouvelle réhabilitation publique d’un homme clairement problématique et mentalement perturbé, sans faire une fois de plus notre autocritique. Il y a là matière à réflexion, à une époque où la mode est au changement et à la transparence. Commençons donc par nous-mêmes.